Les producteurs de notre fraise vauclusienne de Carpentras vivent actuellement des moments très difficiles
Je tiens à vivement saluer l'action de M. Bertrand Gaume, Préfet de Vaucluse, au regard de cet épineux sujet.
J'ai moi-même, dès la semaine dernière, saisi notre Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation M.Didier Guillaume en lui posant urgemment le sujet ainsi :
" Monsieur le Ministre,
Aléas climatiques toujours plus forts, distorsion de concurrence toujours plus violente, pratiques déloyales de certaines enseignes de la grande distribution : les producteurs de notre fraise vauclusienne de Carpentras vivent actuellement des moments très difficiles.
Une nouvelle vague de chaleur vient charrier, bien plus tôt que prévu, notre fraise carpentrassienne qui se retrouve en concurrence directe avec les fraises espagnoles inondant nos étales et achetées seulement 80 centimes le kilo par un nombre conséquent de grandes surfaces.
80 centimes le kilo alors qu’en France 1 euros du même kilo est déjà réservé au paiement des employés assurant la récolte.
Le dispositif EGALIM doit être drastiquement appliqué : comment tolérer plus longtemps que sur un produit d'Espagne certaines Grandes et Moyennes Surfaces ne s’octroient que 20 centimes d’euro de marge alors que la fraise française va subir jusqu'à 4€ de racket ? Cela doit cesser ! Les effets d'annonce comme d'affichage de bonne volonté ne suffisent plus.
La fraise vauclusienne est un produit hautement qualitatif. C’est le fruit d’une démarche exigeante de biodiversité se conjuguant avec un savoir-faire remontant à 1857. C’est un fleuron local devenu fleuron national. C’est une fierté pour notre patrimoine agricole français.
Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous exposer les mesures que vous comptez appliquer de toute urgence afin que le diamant rouge de Carpentras, et ses orfèvres, ne disparaissent pas ?"
Voici la réponse diligente que j'ai reçu aujourd'hui :
"Monsieur le Député,
Votre question porte sur la situation du marché de la fraise, et plus particulièrement celle de Carpentras.
Cette année particulièrement, la climatologie ensoleillée, favorable au développement de la fraise française, a accéléré son entrée en production et son arrivée sur le marché, et cette précocité n’a pas rencontré les habitudes de consommation, peu au rendez-vous, ce qui a généré des difficultés d’écoulement d’une production pourtant de qualité.
Cette situation a engendré un chevauchement des origines, et entraîné une concurrence exacerbée entre production française et étrangère.
La situation semble avoir été particulièrement problématique dans le Vaucluse, avec une pression forte sur les prix, où la production française a été fortement concurrencée par la production espagnole, qui était, elle, dans les dernières semaines de son pic de production.
La situation devrait s’améliorer dans les prochains jours.
L'écoulement des productions françaises devrait mieux se passer, d’abord en raison du mauvais temps du weekend dernier, ensuite en raison de la fin du pic de production espagnol, et enfin en raison des campagnes de promotion importantes à venir, qui devraient booster la demande de fraise des consommateurs.
Vous m’interpellez sur des mesures à prendre : quelles mesures l’Etat français pourrait-il prendre sur les coûts de production en Espagne ? Aucune.
Cependant, des mesures structurelles fortes ont été prises lors des textes budgétaires 2019, en faisant baisser les charges de façon pérenne sur les emplois salariés, et en maintenant les exonérations de charges sur les emplois saisonniers, au travers du dispositif TODE.
Et plus globalement, cette situation récurrente montre que les agriculteurs ne se sont pas encore pleinement saisi des outils instaurés par la loi EGALIM.
Par exemple, les producteurs du Vaucluse ne sont pas constitués en organisation de producteur, et ne valorisent pas assez leur production de qualité à travers des labels reconnus, pour mieux la différencier.
L’Association d’Organisation de Producteur national doit développer la contractualisation, et se saisir des indicateurs publiés par l’interprofession pour peser sur les prix et les négociations avec la grande distribution."
Fort de cette réponse du Ministère de L' Agriculture je continuerai, comme je l'ai toujours fait depuis le début de mon mandat, à travailler avec l'ensemble des parties prenantes afin de préserver et de valoriser encore et toujours nos fleurons agricoles locaux ainsi que celles et ceux qui incarnent la continuité du savoir-faire patrimonial de Vaucluse.